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Les nouveaux lieux de pouvoir

Contrairement aux idées reçues, la vie des affaires ne se décide pas nécessairement derrière les portes capitonnées d'un bureau. Dans l'univers parisien du business, il y a des lieux où il fait bon se montrer. Restaurants tendance, clubs en pointe, cercles de réflexion, rendez-vous culturels incontournables : les meilleures adresses pour soigner ses réseaux.

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Publié le 23 avr. 2013 à 01:01

Les cantines dorées de la rive droite parisienne
Il en est des restaurants parisiens comme des points d'eau dans la savane : on y retrouve les grands fauves à l'heure du repas. Ils s'y déplacent en meute et changent d'endroit au gré des proies à y chasser. L'un des mieux fréquentés du moment est Hanawa, un restaurant japonais situé rue Bayard, à deux pas des Champs-Elysées... et de RTL. On a vu y arriver Pierre Bergé ou Xavier Niel, les nouveaux maîtres du « Monde » (le journal)... Le premier en a fait sa cantine. Très vite ont suivi les avocats d'affaires, qui ont, pour la plupart, leur cabinet dans le quartier. Et les communicants, qui, délaissant L'Avenue, ont migré de l'autre côté de l'avenue Matignon. On y va donc autant pour y rencontrer des clients que pour y être vu avec eux. Le jeu est de se lever et de serrer le plus de mains au passage. Mieux encore, simplement agiter la main sans se lever de sa place et osciller légèrement de la tête. Le ballet du pouvoir est toujours le même et se répète de lieu en lieu. La Cigale Récamier, L'Arpège, Laurent... tous ont leurs fidèles (Martin Bouygues et Vincent Bolloré chez Laurent) et leurs visiteurs surprises : Michelle Obama à la Cigale Récamier ou Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, chez Laurent, avec son sweat-shirt à capuche.

Et maintenant, les clubs au féminin
Messieurs s'abstenir. Lassées d'attendre à l'entrée des clubs masculins qu'on veuille bien les accueillir, les femmes d'influence ont créé leurs propres réseaux : le Women's Forum, Terrafemina, Génération Femmes d'influence, Financi'Elles... Les clubs se multiplient. Surnommé le « Davos au féminin », le Women's Forum de Deauville est le plus ancien. Créé en 2005, il a connu très vite un vrai succès, au point d'être racheté par Publicis trois ans après. Impossible de ne pas être à Deauville en octobre quand on est une « décideuse ». Elles s'y sont d'ailleurs toutes rendues, de Laurence Parisot (Medef) à Anne Lauvergeon (ex-Areva) en passant par Agnès Touraine (ex-Vivendi) ou Laurence Danon (ex-Printemps). Les cabinets de conseil, d'avocats ou de communication y envoient leurs meilleures associées... Près d'une centaine de pays sont présents. Des débats, des ateliers, des remises de prix à de jeunes talents et des réflexions sur les relations hommes-femmes, des discussions impromptues dans les couloirs, l'occasion d'échanger cartes de visite et informations... Bref, un forum... mais au féminin. Comme Terrafemina, le site fondé en 2008 par Véronique Morali (ancienne dirigeante de Fimalac), qui met l'accent sur la création d'entreprise. Petit dernier, Génération Femmes d'influence est un club de femmes chefs d'entreprise fondé en 2012 par Patricia Chapelotte, la directrice d'Albera Conseil, une agence de communication et... de stratégie d'influence.

Les stars du Net jouent les foires d'art
L'important est de porter le festival comme une tenue élégante : toujours dans le ton et ne pas être « overdressed ». En période de crise, surtout ne pas trop se montrer. Et rajeunir le genre avec les foires d'art contemporain. Alors, si au festival d'Aix-en-Provence on croise toujours des invités triés sur le volet - patrons du CAC 40, politiques, grands institutionnels, directeurs de presse et leaders d'opinion -, les organisateurs et grands mécènes le doivent tout autant à la qualité parfaite de leur programmation musicale qu'aux rencontres du Cercle des économistes. Les deux se nourrissent intelligemment l'un de l'autre. Organisées le premier week-end du festival (début juillet) sur le campus d'Aix, les rencontres de Jean-Hervé Lorenzi réunissent le gratin international du monde des affaires et de la politique. Tout y est, donc, culture et questions économiques clefs du moment. Un bon cocktail qui permet aux participants de croiser Christophe de Margerie (Total), Jean-Claude Trichet ou Luc Oursel (Areva)... Mais, au chapitre du culturel mondain, ce sont les foires d'art contemporain qui montent en flèche. Ventes et achats aux montants exorbitants, milieux cosmopolites; excellent pour soigner ses relations d'affaires. La Biennale de Venise, créée en 1895, fait figure d'ancêtre mais, Fondation Pinault oblige, l'événement reste l'un des plus grands shows mondiaux. Tous les ans au mois de juin, Bâle accueille Art Basel. On y croise nombre d'entrepreneurs du Net, qui fréquentent aussi beaucoup sa déclinaison américaine à Miami Beach, en décembre.

Le gratin du CAC 40 en pince pour l'Opéra
Les soirées de l'Association pour le rayonnement de l'Opéra national de Paris (Arop) sont sans doute les plus appréciées. Dans la salle, un carré est réservé aux membres, qui se retrouvent après le spectacle pour le dîner dans les salons de l'Opéra Garnier. Un must. Et si le tennis et l'entrée VIP de Roland-Garros permettent de croiser tout le « gratin » du CAC 40, on retrouve désormais nombre de grands patrons aux matchs de football et de rugby. Dommage pour ceux qui aiment le bridge, de moins en moins prisé. Qu'ils se rassurent, ils pourront toujours se retrouver à l'Automobile Club de France.

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Les vieux cercles font de la résistance
Dis-moi avec qui tu dînes, je te dirai qui tu es. Depuis les mésaventures du juge Courroye, à qui l'on a reproché ses repas chez l'avocat Paul Lombard à côté de Vincent Bolloré, les dîners en ville se font plus restreints. Quelques rares communicants se hasardent encore à mélanger à leur table people, politiques et chefs d'entreprise. Mais les personnalités qui répondent favorablement à ces invitations se font de plus en plus rares. On dîne, certes, mais en cercle plus fermé. Et pour créer des rencontres, on préfère encore s'en remettre à des valeurs sûres comme le Siècle ou le Club des cent. Si les discussions d'affaires y sont en principe proscrites, rien n'empêche les convives de glisser un mot sur un dossier une coupe à la main entre deux tables. Ces clubs sont d'autant plus prisés qu'il est difficile d'y entrer. Les dîners du Siècle sont la quintessence du réseau d'influence. « On ne choisit pas le Siècle, c'est le Siècle qui vous choisit », dit l'adage. Quant au Club des cent, créé en 1912, il reste l'un des cercles les plus fermés de tout Paris. Comme son nom l'indique, il réunit 100 membres, triés sur le volet après un examen gastronomique et oenologique par un jury. Mesdames, inutile d'essayer d'y entrer, il ne compte aucune femme, mais les grands patrons comme Claude Bébéar, Jean-Louis Beffa, Patrick Ricard ou Martin Bouygues y croisent Xavier Darcos ou Jean-Pierre Raffarin mais aussi Erik Orsenna, Bernard Pivot, Alain Ducasse, Paul Bocuse ou Joël Robuchon.

De quel think tank êtes-vous proche ?
Terre d'« intellectuels » et du « débat d'idées », la France jacobine a eu du mal à croire aux think tanks. Beaucoup y voyaient avant tout un lieu « d'échange » : comprendre un moyen de cultiver son réseau. Les grands patrons ont compris, eux, qu'il s'agissait avant tout d'une stratégie d'influence... A condition qu'ils soient écoutés. Claude Bébéar, le premier, a créé l'Institut Montaigne, think tank à tendance centre-droit libéral dont il est toujours le président. Autre grand patron à se lancer très tôt dans l'aventure, Jérôme Monod crée en 2004 la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) avant de se faire évincer par Nicolas Sarkozy. Les inspecteurs des finances se sentent comme des poissons dans l'eau dans ce genre de structure. Trois générations d'entre eux ont ainsi dirigé Aspen France, créé par Raymond Barre : Michel Pébereau, Jean-Pierre Jouyet et Pierre Cunéo. L'Institut de l'entreprise a eu l'idée quant à lui de créer l'Institut des hautes études de l'entreprise à l'image de l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), qui permet à une quarantaine d'auditeurs (cadres, syndicalistes, hommes politiques) de se voir, deux à trois jours par mois pendant un an, pour confronter des expériences et tisser des réseaux. Luc Chatel et Dominique Voynet sont des « anciens ». Choqué par la mort brutale de son fondateur et directeur emblématique, Olivier Ferrand, Terra Nova, créé en 2008, se relève doucement. La nomination de François Chérèque, en janvier dernier, devrait à nouveau booster ce laboratoire d'idées proche du Parti socialiste.

« The place to be » à l'heure du laitier
Le matin, c'est à L'Esplanade, près des Invalides, que le communicant aura réservé sa table. Là, la discrétion est de mise. Faites comme si on ne vous avait pas vu. Vous êtes avec des journalistes et, à l'heure du laitier, le calme est requis. Le petit déjeuner a pris ces dernières années une importance capitale dans la capitale. Moins cher qu'un déjeuner, il envoie un double message : 1) le pouvoir appartient à ceux qui se lèvent tôt; 2) pas de temps à perdre en vaines bombances. Mais dites-moi où vous avez réservé et je vous dirai à quelle génération d'homme d'affaires vous appartenez. Ainsi, la génération Minc (Alain) se retrouvera plutôt au Relais Plaza, avenue Montaigne, quand la génération Pigasse (Matthieu) préférera le Park Hyatt, rue de la Paix.

Le must : la fondation mondialisée
Mondialisation oblige, le nec plus ultra est de participer à des clubs ou fondations internationaux. Le Forum économique de Davos, bien sûr, quoique sa « pipolisation » a un peu galvaudé ce haut lieu du pouvoir mondialisé. Mais on y croise toujours Maurice Lévy et Carlos Ghosn, Christine Lagarde ou Dimitri Medvedev, plus les deux Mario, Monti et Draghi... De quoi rentabiliser les 40.000 euros de cotisation annuelle et les 10.000 euros de participation. Moins connue mais extrêmement prisée, la Clinton Global Initiative est une fondation dont le meeting annuel coïncide avec l'Assemblée générale des Nations unies, à New York. Le Bilderberg Meeting est, lui, un jeu de piste pour personnes influentes car son lieu de rendez-vous annuel est tenu secret jusqu'à la dernière minute. Il est présidé par Henri de Castries, le PDG d'Axa. Jean-Claude Trichet dirige quant à lui le groupe européen de la Trilateral Commission, créée en 1973 à l'initiative, entre autres, de David Rockefeller et d'Henry Kissinger.

Valérie de Senneville

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