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Femmes de prix

Drôle de récompenses que celles remises aux « femmes d'influence » à l'Hôtel du Louvre. De quoi susciter le débat sur la place de ces dernières dans la société.

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Publié le 12 décembre 2014 à 10h19, modifié le 12 décembre 2014 à 10h53

Temps de Lecture 3 min.

 Si j'avais organisé le premier prix de la femme d'influence, je n'aurais pas choisi Michel Sardou pour clore la cérémonie. Je n'aurais pas fait monter les lauréates et organisatrices sur un podium en les faisant danser sur Femmes des années 80. Je n'aurais pas passé « Etre un PDG en bas noirs / Sexy comm'autrefois les stars / Etre un général d'infanterie / Rouler des patins aux conscrits / Etre une feeeemme... », et pas seulement pour ménager la contre-amirale parmi les centaines d'invitées ce soir dans le salon de l'Hôtel du Louvre.  Faut-il vraiment un Prix de la femme d'influence ? Oui, à croire Nathalie Loiseau, la directrice de l'ENA - lauréate du Prix de la femme d'influence politique - parce que, si on attire l'attention sur plusieurs femmes, les plus jeunes se projetteront dans certaines carrières plus facilement que si elles n'y voient que des vieux chauves.

Mais « femme d'influence », l'expression est bizarre, comme si on s'en tenait à la partie digeste du pouvoir de la femme, celui qui doit s'exercer en coulisse. Venu remettre le Prix espoir de la femme d'influence politique, Claude Bébéar salue Catherine de Médicis et Anne d'Autriche (qui malheureusement n'ont pas pu faire le déplacement). En leurs temps, « l'apparence était réservée aux hommes », dit-il. Les femmes préfèrent l'influence, croit aussi Patricia Chapelotte, fondatrice de l'événement, « le pouvoir, pour les hommes, c'est en être crédité ». Mais créditer, ce n'est pas justement ce que fait une remise de prix ? Pas très loin, une quadragénaire balaie des yeux le salon noir de femmes d'un « et ça caquette, et ça caquette... ». La femme peut être un misogyne ordinaire.

D'un autre côté, s'interroger sur ce prix, n'est-ce pas rejoindre le camp de ceux qui considèrent que les femmes ne sont pas censées se mettre en avant ? Et surtout pas avec des catégories « politique » et « économique », chasses gardées masculines.

COMBAT CONTRE LE SENTIMENT D'IMPOSTURE

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Avant de remettre son prix, Jean-Luc Petithuguenin, PDG du groupe Paprec, évoque son combat contre le sentiment d'imposture. « J'ai nommé une douzaine de femmes à des postes de directeurs. Les douze sont venues me voir pour me demander si je n'avais pas fait une erreur parce qu'elles ne se sentaient pas à la hauteur. J'ai nommé une quarantaine de garçons directeurs. Une douzaine d'entre eux m'ont dit : "Ah ben, c'est pas trop tôt !". »

Bien sûr, il y a quand même des hommes ce soir. Par exemple, le footballeur Didier Drogba venu remettre un prix. Il y a aussi cet invité qui tend un Smartphone à sa compagne et lui demande de le prendre en photo devant le footballeur. Drogba remet le prix « coup de coeur » - catégorie dans laquelle on trouvait, parmi les nominées, une chanteuse, une entraîneuse de foot et une rabbine - à la chef d'orchestre Zahia Ziouani. « Elle jouerait plus facilement au foot que je ne pourrais être chef d'orchestre », admet le sportif.

Sur un grand écran tourne une pub Shiseido, pour l'immunité de votre peau. Au buffet, un photographe avale des petits fours deux par deux. « Les cocktails de droite, c'est toujours meilleur que les cocktails de gauche... » Je ne sais pas si ce premier Prix de la femme d'influence est un cocktail de droite - même si l'ajointe d'Alain Juppé, Virginie Calmels, y a été élue à la majorité Prix espoir de la femme d'influence politique - mais l'idée qu'un photographe qui fait d'habitude son marché aux avant-premières et soirées people s'y déplace, c'est peut-être bon signe pour la visibilité des femmes d'entreprise et politiques. J'en étais là de mes réflexions, quand il m'a expliqué sa présence : « Ça peut être intéressant pour les nécros. »

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